Visites annuelles 2015. Un temps pour l’éternité: La sainte messe traditionnelle à Tver et à Perm

L’association du Sacré-Cœur de Jésus s’est efforcée en 2015 d’organiser des visites dont les préparatifs ont été coûteux car elles concernaient deux villes, mais il n’y a rien à regretter puisque c’est pour l’honneur de Dieu ici sur terre. Ne pas se contenter de peu mais faire toujours un peu plus. Finalement nous devrons tous rendre compte de la façon dont nous aurons servi Dieu pendant notre vie.

Le premier week-end nous nous sommes rendus à Tver et le suivant à Perm, dans la région de l’Oural. Comme les années précédentes, l’association a invité l’abbé Thomas Huber, d’Augsbourg (Allemagne).

Tver

Samedi 20 juin 2015

Avant cette visite à Tver il y avait nécessaire d’organiser trois visites préliminaires depuis Moscou. Nous avons dû consacrer beaucoup de temps aux répétitions avec les servants de messe et l’organiste et aussi pour des discussions avec le curé, le père Marek Taczykowski. Enfin, il y avait surtout des questions à éclaircir pour que l’association du Sacré-Cœur de Jésus puisse organiser sa visite le 20 juin 2015. Pour le voyage depuis Moscou jusqu’à Tver nous prenons le train « Sapsan » (« faucon pèlerin »), le TVG russe conçu par Siemens. Après un peu plus d’une heure de trajet nous arrivons à Tver, ville située à 170 km au nord-est de Moscou. Malheureusement, pour des raisons de temps de la part du père nous n’aurons pu célébrer que deux messes. C’est déjà ça. D’habitude, dans la paroisse que nous visitons, nous essayons de célébrer toujours trois messes durant le week-end.

Malheureusement, nous ne savons pas exactement combien la communauté de Tver comprend de catholiques dans la région. Le père Marek qui dirige la paroisse depuis 2008 peut compter sur 100 paroissiens pour les quatre messes du dimanche (une messe anticipée du samedi soir et trois messes le dimanche). Après la révolution, en 1918, les prêtres disparurent. L’église fut fermée puis confisquée à la fin des années 1920, de même que les archives de la communauté, la bibliothèque et l’orgue. Après la chute du régime communiste qui avait diversement profané les églises, la paroisse a rouvert dans les années 1990. La messe fut alors provisoirement célébrée dans une maison en bois. Le nouveau bâtiment de l’église est utilisé actuellement depuis longtemps, celle-ci a été consacrée par l’archevêque Tadeusz Kondrusiewicz le 2 février 2003.

Le samedi nous commençons par une messe de Requiem. L’abbé Thomas Huber célèbre la messe des morts, notamment pour les défunts de la communauté de Tver.

Comme lors de notre visite de 2013 à Berezniki, nous sommes soutenus par Olga Alexeïeva qui chante magnifiquement, comme toujours, la messe de Requiem, et en particulier la séquence Dies Iræ. Le kyriale (Kyrie, Sanctus, Agnus Dei) est chanté et accompagné par madame Irina Poroutchikova, l’organiste de la communauté. Les servants sont Gregor Huber, président de l’Association du Sacré-Cœur de Jésus, et Nikita Evstratov, de la communauté de « La Transfiguration de Notre-Seigneur » de Tver.

Pour cette visite annuelle nous avions pu bien nous préparer et complété la quatrième édition de l’Ordo Missæ que nous remettons gratuitement aux fidèles. Il s’agit de la brochure qui présente les parties des prières immuables de la messe en latin et en russe. À côté des textes standards comme les litanies du Sacré-Cœur de Jésus ou la prière de notre communauté nous avons inclus pour la première fois dans cette nouvelle édition une note reprenant dix questions et réponses parmi celles qui sont le plus souvent posées sur la messe traditionnelle. Tous ces documents – nous ne cessons de le constater – sont très prisés des fidèles. À ce stade nous pouvons remercier les donateurs du monde entier qui permettent de diffuser ces documents gratuitement. À toutes les messes célébrées par l’association du Sacré-Cœur de Jésus nous prions pour les âmes et le salut de nos bienfaiteurs. Nous devons ici brièvement mentionner que l’association a célébré un certain nombre de messes. Aucun autre groupe de laïcs et de prêtres n’a célébré autant de messes traditionnelles dans la Russie post-soviétique.

Pour le Requiem une quinzaine de fidèles restent après la messe Novus Ordo qui vient d’être célébrée par le curé. Ce seul nombre de personnes intéressées devrait suffire pour que la messe traditionnelle puisse être demandée de temps en temps au curé.

Dimanche 21 juin 2015

Le calendrier de 1962 indique pour aujourd’hui le 4ème dimanche après la Pentecôte. La messe est précédée de l’aspersion des fidèles avec le chant de l’Asperges me. L’ancien rite prévoit une liturgie propre à chaque temps et prescrit toujours l’aspersion pour le dimanche. Dans le dit « Novus Ordo » il peut y avoir l’aspersion d’eau bénite aussi, bien que le Confiteor, donc la confession des péchés en public, soit plus important.

Le kyriale est celui de la messe VIII (Missa de Angelis) avec le Credo III dans l’espoir que quelques paroissiens puissent chanter aussi ou du moins s’orienter dans le déroulement de la messe. Dans le kyriale grégorien c’est la messe VIII qui est la plus connue.

Les servants de messe Gregor Huber et Nikita Evstratov ont une mission particulière : servir la messe solennelle à deux tout en manipulant correctement l’encens, car le caractère cérémonieux de la messe du dimanche ne doit pas souffrir du fait qu’un seul servant local est venu.

Après la messe une jeune fille se présente : Irina Sergueïevna Bandurist. Elle accueille l’association du Sacré-Cœur de Jésus en ces termes : « Vous voilà enfin ». Nous voilà charmés d’une salutation si reconnaissante. La conversation nous permet de comprendre qu’elle est la représentante de l’association « Una Voce Russie » pour Tver et qu’elle cherchait depuis des années à faire célébrer la messe traditionnelle dans cette ville.

L’association du Sacré-Cœur de Jésus remercie le père Marek pour sa confiance et souhaite à la communauté de Tver la bénédiction de Dieu.

Perm

Après la messe célébrée à Tver nous sommes revenus à Moscou. Cela s’imposait pour pouvoir reprendre des forces avant la visite suivante et nous réapprovisionner (notamment en Ordo Missæ).

Du 25 au 28 juin 2015 nous avons été accueillis par la paroisse catholique de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie Mère de Dieu ». Depuis septembre 2010 c’est le père Dmitri Novosselsky qui en est le curé et a été également actif dans la commission liturgique de l’archidiocèse de Moscou. Afin de préparer dans le calme la messe du vendredi nous sommes partis le jeudi et avons atterri à l’aéroport de Perm (à 1400 km à l’est de Moscou) après deux heures de vol.

Nous l’avions déjà fait en 2013 lors de notre visite à Bérézniki. Mais deux ans ont passé depuis les visites de 2013. En réalité l’association avait pris des contacts avec la paroisse de Perm. À ce moment-là nous étions à Bérezniki qui n’est qu’à trois heures de car de Perm, malheureusement, pour des raisons inconnues les contacts avec la paroisse de Perm n’ont pas été maintenus. Cependant nous voulions accéder à la paroisse de Perm qui avait naturellement entendu parler de la messe à proximité et nous avait donc envoyé une demande de ne pas la laisser sans messe. Nous avons donc décidé de ne pas laisser passer cette occasion de permettre aux âmes affamées d’assister à la messe traditionnelle.

Comme toujours Gregor Huber a entrepris de préparer une mission à Perm en prenant à sa charge les frais d’avion. Il y a une raison à cela : si une visite préliminaire n’est pas autorisée par le curé ou échoue finalement sur place, l’association n’y effectue pas de visite. On peut alors dire à juste titre que dans cette paroisse Jésus Christ ne règne pas comme roi et grand-prêtre.

A l’heure actuelle la paroisse compte environ 300 fidèles, parmi lesquels entre 120 et 140 qui sont pratiquants. L’église catholique avait été desservie de 1875 à 1937. La dernière messe traditionnelle fut célébrée par le père Francisk Budris qui fut fusillé en 1937 avec 40 paroissiens non loin de la ville d’Oufa. Le 17 octobre 1993 rouvrit l’église qui avait résisté à la période soviétique.

Vendredi 26 juin 2015

Le calendrier liturgique indique la fête des saints Pierre et Paul (qui figurent au Canon de la messe), elle est servie par Gregor Huber et un servant local, Evgueni Achlapov.

À noter la propreté et l’ordre qui régnaient dans la sacristie. « Je n’avais jamais vu ça nulle part en Russie », fait remarquer Gregor Huber.

La sœur Petra Krištofíková SCSC, responsable, accueille l’abbé Thomas Huber à son arrivée avec un calice d’or et un calice d’argent, de bonne facture et dignes pour la célébration de la messe traditionnelle. Le calice d’argent sert pour les messes des deux premiers jours du Triduum et le calice d’or pour celle du dimanche.

De même, les sœurs procurent à l’abbé Huber un Missale Romanum datant de 1962. Ce qui est pour nous vraiment inattendu, étant habitués par expérience à transporter toute une sacristie pendant trois jours. Depuis les ornements liturgiques jusqu’aux canons d’autel, deux carillons d’autel (qui ne sont pas utilisés à la cathédrale de Moscou pour la messe Novus Ordo) et même aussi le Missale Romanum qui maintenant nous sourit à Perm, dans les montagnes de l’Oural qui séparent la partie européenne de la Russie de sa partie asiatique, devant les portes de la vaste Sibérie, pour célébrer la messe. Quel bonheur de trouver de telles traces de vraie Foi catholique en Russie!

Surtout, il y a l’accueil exceptionnel réservé à l’association par les sœurs de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus SCSC. Déjà lors de la réunion préparatoire quand Gregor Huber avait commencé le travail à Perm il avait été gentiment invité à déjeuner par les Sœurs.

Samedi 27 juin 2015

Dans la journée, les pères Dmitri et Thomas, la sœur Philippa, Gregor Huber et le choriste Mikhaïl Vedeneev font une excursion dans le musée en plein air de « Khokhlovka ». Ce célèbre musée présente des constructions en bois de toute la Russie réputées pour leur méthode de construction et leur architecture. Excellente récréation, avec une bouffée d’air frais et la possibilité de voir les environs qui ressemblent à la Forêt Noire, paysage familier pour Gregor Huber qui voit rarement sa Patrie.

Revenus à l’heure à l’église, nous passons aux préparatifs de la messe avec les servants et la répétition de la chorale. C’est aujourd’hui l’occasion de célébrer un Requiem (Missa quotidiana) que l’association du Sacré-Cœur de Jésus ne voulait pas manquer à Perm. Elle est servie par Gregor Huber et le servant de messe local Stefan Savelly.

Olga Alexeïeva est venue aussi dans la ville de Perm et soutient de son beau chant le travail de l’association du Sacré-Cœur de Jésus pour la promotion de la messe traditionnelle en Russie ; que Dieu vous bénisse pour votre implication!

Dimanche 28 juin 2015

Pour la dernière messe du Triduum – et plus généralement dans le cadre des visites de 2015 – nous célébrons aujourd’hui le 5ème Dimanche après la Pentecôte. Comme il se doit, elle commence par l’Asperges me et est servie par les paroissiens Evguéni Achlapov et Stefan Savelly.

« Pour conclure ces trois jours dans l’esprit de la solennité de la messe célébrée le dimanche je devais voir les deux servants épuisés mais heureux », se souvient Gregor Huber à propos de ses collègues qui ont pu apprendre tant de choses nouvelles en matière de théologie et de service de messe.

Durant ces trois jours c’est Mikhaïl Vedeneïev, le chantre de la paroisse, qui a chanté l’ordinaire. Le dimanche il a été aussi soutenu par Anna Vechtomova pour le chant.

L’organiste de la paroisse compétente et joyeuse Irina Karasseva accompagne à l’orgue et ces efforts réunis pour surmonter toutes les difficultés sont véritablement de nature à nous réjouir. Dès le début on a noté une atmosphère d’« innovations » dans la musique de l’église, ce qu’on ne rencontre pas partout.

L’association du Sacré-Cœur de Jésus tient à remercier le père Dmitri Novosselsky pour la confiance dont il nous témoigne et son hospitalité, et souhaite à la paroisse la bénédiction de Dieu.

Le mot de la fin par Gregor Huber

Chers fidèles, amis et bienfaiteurs de la Messe traditionnelle dans toute la Russie,

Avec les visites de l’année 2015 l’Association du Sacré-Cœur de Jésus mène à six le nombre de paroisses en Russie où la messe traditionnelle aura été célébrée. Merci pour les aides diverses apportées.

Nous pouvons aussi voir les grâces que nous octroie Notre Seigneur. Depuis 2010, l’année de la fondation de l’association, en comptant les messes célébrées à Moscou, ce sont des centaines de messes qui ont été dites. Des centaines de catholiques et de curieux ont assisté à celles de Moscou. Des centaines de communion données dans la bouche et à genoux.

C’est un aspect. D’un autre côté un prêtre à Moscou m’a demandé pourquoi l’association du Sacré-Cœur de Jésus faisait tant d’efforts seulement pour une messe. Par cette question il manifeste avoir perdu le souci de l’enseignement, du pasteur et du sacerdoce de Jésus-Christ. La messe traditionnelle est une mission pure, une évangélisation complète et la plus belle chose que l’homme puisse faire sur terre. Malheureusement, l’attitude de ce prêtre n’est pas du tout une exception dans la nouvelle église catholique. Il a finalement abandonné la Foi. Il faut prier pour un tel prêtre.

Je demande que les prières et les sacrifices de tous ceux qui ont rendu possible ce travail et veulent faire quelque chose soient récompensés dans l’éternité.

Après plus de 12 ans de vie et de travail en Russie je sais que tout peut être très rapidement rendu extrêmement compliqué. Des promesses supposées sont brusquement oubliées. On va mentir et tromper de façon éhontée. J’y suis habitué dans mon travail. Cela ne devrait pas arriver dans l’Église catholique et pourtant la situation n’est guère meilleure que dans le monde sans Dieu.

Dans tant de situations j’ai senti vos prières et vos souffrances offertes pour ces visites 2015. Et si alors dans les villes de Russie dans le cadre de nos visites le prêtre commence l’offertoire, soyez bien certains que toutes vos intentions seront offertes.

Beaucoup de temps a passé depuis les visites de 2015. Elles ont laissé une trace, c’est la raison pour laquelle ce rapport, chers amis, fidèles et bienfaiteurs de la Tradition catholique en Russie, ne vous est présenté qu’aujourd’hui. Néanmoins avec la fin des visites de l’année 2015 ont commencé les préparatifs de celles de 2016 dans d’autres étendues de la Russie.

Je dois déjà vous demander de vous joindre aux sacrifices et vos prières d’intercession pour cet apostolat.

Ce travail est la poursuite de la mission de l’église catholique telle qu’elle était jusqu’en 1969. Ce travail mené sous le signe du Très Saint Cœur de Jésus est au service de la conversion de l’Église catholique, l’entente entre les fidèles et l’établissement du Royaume de Dieu sur terre.